Je suis Charlie.

L’horreur, il n’y a pas d’autres mots possibles. L’horreur d’assassiner des esprits intelligents, des artistes de talent, et de vouloir faire taire la liberté d’expression par la même occasion. L’horreur des meurtres et prises d’otage de sang froid, alimentée par un intégrisme fou et inhumain. Janvier 2015 est donc un mois qui sera marqué de la couleur sang sur le calendrier de l’Histoire.

Je ne peux pas m’empêcher de pleurer les disparus, car au-delà de leur propre existence, je me sens touché directement. Rire de tout, rire et réfléchir, rire sans conséquence, c’est ce que j’aime faire, c’est ce que j’aime lire, c’est ce que j’aime tout court. Le rire est le propre de l’Homme. La satire est plus que jamais nécessaire dans un monde qui devient bien trop sérieux et où nous avons du mal à nous dire ce que nous pensons. Et c’est ce qu’ils ont voulu nous enlever, ce droit de rigoler sérieusement ou non. Charlie ne faisait pas de distinctions dans ses caricatures : tout le monde y avait droit. Il suffit de voir les unes de Charlie à travers les semaines passées. Et pour celles et ceux qui ne connaissent pas, vous pouvez acheter le livre anniversaire des mille unes de Charlie pour rattraper.

Le choc a été violent, les yeux rouges de mes amis et collègues confirmaient ma propre émotivité, y compris à Rennes où j’étais en déplacement Jeudi et Vendredi. Après que les terroristes aient été neutralisés, le deuil a pu commencer. La marche républicaine a été un grand succès. J’y ai pu voir le peuple français, toutes opinions et religions confondues, manifester dans la bonne ambiance mais avec beaucoup d’émotions. J’ai pu y participer avec fierté, bien loin du carré politique, mais au coté d’Arnaud Montebourg et Aurélie Filipetti au hasard des rencontres dans la foule des anonymes. Avançant très péniblement vers la place de la République, nous pouvions nous gausser des sketchs de Coluche diffusés par un appartement du Boulevard St Martin. Oui, nous allons continuer de rire… continuer d’être irrévérencieux, continuer de défendre nos idéaux de démocratie. Même si nous ne sommes pas aussi parfaits que ces derniers. Notre classe politique est corrompue, et de devoir manifester derrière ces dirigeants qui ont une lecture à géométrie variable des valeurs démocratiques, c’était dérangeant. Nous sommes nous-mêmes parfois lâches. Cependant, ce que le peuple fait, seul le peuple peut le défaire. Je crois que le changement dans le monde est incrémental, que tout à chacun peut changer, évoluer et que la prise de conscience peut aider à rendre le monde meilleur. La question est maintenant : que faisons-nous pour que cela change durablement ?
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