Pléonexie

C’est par la bouche de Dany-Robert Dufour que j’ai appris ce que voulait dire Pléonexie. Mais avant de cibler la définition de ce mot, je souhaite revenir sur quelques points qui m’apparaissent importants.

Je suis personnellement convaincu que quelque chose ne tourne pas rond dans notre mode de vie moderne. Par exemple, je peux mentionner notre incapacité à considérer l’écologie et notre impact sur l’écosystème afin d’assurer un avenir durable pour nos générations futures. Pour moi, le logiciel Humain, qui déraille, est lié à l’irrationalité de notre comportement vis à vis des biens matériels. Sans vouloir reprendre la vision de la pyramide des besoins selon Maslow, je me questionne sur la capacité de l’Humain occidental à hiérarchiser ses besoins et ses désirs.
Je ne pense pas que l’Humain, par nature, soit suffisamment stupide pour ne pas écouter ce que lui dit son corps : les besoins primordiaux (physiologiques) sont prioritaires et la question des désirs reste de second ordre (même si très importants). Je crois toutefois que l’équilibre entre les besoins et les désirs est rompu dans notre société moderne et que, aujourd’hui, nous devenons sur ce point de plus en plus stupide. Un des exemples les plus flagrants reste le spectacle terrible des queues nocturnes des futurs acheteurs des derniers téléphones de la marque à la pomme : acclamés pour leur achat, ils sont prêts à perdre un temps hallucinant de vie pour avoir quelque chose au même prix, et qui de toute façon sera disponible pour tous un peu plus tard. Le rouleau compresseur du marketing, de la publicité arrive à corrompre les cerveaux et à changer l’ordre des priorités pour des individus. Un des outils d’apprentissage de cette stupidité est donc la publicité. Faire la queue toute la nuit pour être dans les premiers milliers à avoir un objet de grande consommation (quand bien même ce serait un objet ultra rare ou bien avec des conditions préférentielles). Et au même moment, des gens font la queue devant les préfectures pour obtenir des papiers… Lâche question de priorité.
Notre société est dépendante à cette drogue, la publicité, qui nous promet monts et merveilles, qui cultivent les envies et qui nous montre des fausses preuves de vies réussies. C’est par la publicité que nos cerveaux sont formatés pour réagir à des stimulus : acheter, posséder au meilleur prix, maintenant, tout de suite, à crédit si il le faut et en avoir le désir ou subir la frustration. Et quand le désir est là, alors qu’est-ce qui peut le contrarier ? Pas grand-chose. Le désir n’a pas grand-chose à voir avec le besoin. Pourtant, le besoin est probablement plus important que le reste à la fin. Qu’est-ce qui donne du sens à ce que nous faisons, à notre consommation ? Il y a bien des labels écologiques, équitables ou autres… et pourtant, globalement, les gens s’en foutent, moi y compris. Dans les rayons des magasins, il y a toujours une majorité de produits tueurs de planète. Et même si je suis prêt à faire des efforts (à consommer bio, local), je ne suis pas prêt à changer drastiquement mon mode de vie, mon confort, mes désirs déjà construits, surtout si mon voisin peut ne pas le faire. Ajoutons à cela qu’une vie sans désirs ne serait pas humaine non plus. Nous sommes donc prisonniers de ce système : nous nous comparons aux autres, nous sommes pilotés par la publicité et nous agissons parfois compulsivement, à défaut de faire autre chose ou de donner du sens à autre chose. Je pense qu’il est très difficile de devenir insensible à toutes ces tentations, qui sont visibles partout : sur le bord des routes, dans les journaux, à la télévision, sur Internet, dans notre courrier etc… Chacun d’entre nous devrait réaliser un travail philosophique afin de déterminer quel sens nous donnons à nos vies. Mais entendons-nous bien : dans la hiérarchie, plus on a de richesses et plus nous sommes une proie pour la publicité. Un « pauvre », ou sans-dent comme le disait Hollande, lui n’a de toute façon pas les moyens de satisfaire les désirs matériels que lui inventent la publicité (même si le système le pousse à se surendetter pour en assouvir un maximum) et ce qu’il ne peut pas avoir avec des biens, il le compense généralement par d’autres valeurs de vie (comme l’importance de la relation à l’autre, la solidarité). Et pour les classes moins pauvres, c’est la compétition de qui en aura le plus, en érigeant l’individu au détriment de la société.
Et c’est tout ce que je viens décrire qui tombe dans la définition de pléonexie :

La pléonexie (du grec πλεονεξία, pleonexia) est le désir d’avoir plus que les autres en toute chose. Cela se traduit en pratique par le fait de prendre toujours plus que ce qui nous revient, ou moins, lorsque l’objet se révèle ingrat (wikipédia).

Terme assez peu usité et synonyme d’une avidité excessive, à laquelle on associe parfois de la convoitise, de l’avarice et de la cupidité. Dans une société de consommation moderne, la pléonexie est caractéristique du désir absolu de possession et d’accumulation matérielle, sans prise en compte des éventuelles conséquences (matérielles, économiques, sociales, environnementales…) et sans considération aucune pour les autres, l’environnement et la société dans son ensemble (e-marketing.fr)

Pour aller plus loin : Lien

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