Donner de la vie au son

Dans le monde de l’audiophilie, comme dans tout domaine artistique, la qualité perçue dépend de l’ensemble des éléments qui participent à la création et à la reproduction sonore d’une œuvre mais aussi à son appréciation.

Pour les créateurs de musique, cela comprend les compositeurs, les musiciens, les ingénieurs sons, le matériel utilisé tant pour la jouer que pour la capter, les ingénieurs en mastering. Et pour l’écouter, cela regroupe à la fois les ingénieurs concepteurs de matériels d’écoutes et les personnes qui écoutent avec leur goûts et exigences. Dans tous les cas, là aussi comme dans tout domaine artistique, il faut différencier la technique pure et l’émotionnel (le cœur) qui y est attaché.

Dans mon voyage dans l’audiophilie, mon exigence continue d’évoluer au fil du temps. Au delà de mes goûts musicaux, j’attache une grande importance à la cohérence entre l’émotion proposée par un artiste et le support qui va la porter. Entre une proposition de déhanchement sur la piste de dance et celle d’une histoire intimiste, je n’accorderai pas la même importance au contenant, même si un bon contenant a une portée universelle.

Avec la généralisation des formats compressés type mp3, l’industrie de la distribution musicale a été profondément bousculée, à la fois économiquement et techniquement. Economiquement par une plus grande « délinéairisation » des albums, puis par les offres de streaming/location à bas coût. Techniquement, par les formats audio avec pertes mais aussi par la baisse des composants électroniques permettant de rendre accessible des lecteurs de meilleure qualité au plus grand nombre.

Dans mon esprit, je n’oppose pas les différentes approches car elles répondent à des attentes différentes. Entre une personne qui attend d’une musique d’être un accompagnement dans les transports ou et une autre qui recherche un rapport fusionnel (ce qui n’est pas exclusif), cela se traduira par des exigences différentes sur les niveaux de restitution.

Aujourd’hui, je gère ma bibliothèque musicale avec différents niveaux de qualité. Je suis client du site de distribution Qobuz depuis 18 mois, et cela me permet de choisir le niveau de qualité en fonction du rapport attendu avec la musique. Des formats qualité CD, je fabrique mes fichiers compressés pour être facilement manipulés dans des conditions moins exigeantes (voiture, transports en commun). Des formats studio masters (HiRES), je les utilise dans des conditions plus optimales me permettant de créer le lien intimiste recherché.

Actuellement, j’écoute des morceaux du dernier album de Sufjan Stevens (Carrie & Lowell) en studio masters. Et même si cet album n’est pas une référence sur la qualité sonore objective (souffle perceptible, enregistrement perfectible), cela ne nuit pas à l’émotion qu’il procure et est, dans ce sens, réussi.

Inversement, j’ai presque été dans frustré par le rendu sonore des albums de Supertramp ce qui ne m’a pas permis de réellement les adopter. Dernièrement, l’album Crime of the Century a été remasterisé (par Ray Staff, http://www.airstudiosmastering.com/engineers/ray-staff/ ). Cet album de 1974 reprend complétement vie avec une dynamique et une sonorité qui rend honneur au rock progressif (http://www.qobuz.com/fr-fr/album/crime-of-the-century-2014-hd-remaster-supertramp/0060075354770 ), sonorité que je n’avais pas encore pu bénéficier. Mon rapport à cet album est complétement chamboulé, car on retrouve à la fois l’attaque rock et la dynamique du son des années 70s. Cela me parle beaucoup plus sur l’émotion.

Alors ce que je veux dire ici, c’est que même si le cœur et la technique dans la musique sont très liés, il faut les considérer séparément. Idéalement, je souhaite avoir la meilleure technique possible. Mais celle-ci a un coût matériel et humain (temps, compétences) pour les personnes qui font la musique. Et c’est aussi vrai pour les personnes qui écoutent. Aujourd’hui, j’ai investi dans un lecteur de musique et un casque d’un certain niveau et de prix (Astell&Kern AK 100 II + Focal Spirit Classic). Cela me permet de percevoir la musique de manière différente et cela modifie la façon dont je ressens la musique que j’écoute. Mais dans le futur, cela changera.

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