The Batman

Offrir une nouvelle adaptation de Batman, après la trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan, en voilà un sacré challenge !

Relevé par Matt Reeves, qui officie en tant que réalisateur et scénariste, The Batman est un long film de près de 3 heures. Il prend une approche différente de celles de Tim Burton et de Nolan et c’est tant mieux. Robert Pattinson a été choisi pour incarner Bruce Wayne/The Batman et j’avoue que j’ai eu beaucoup de doutes quand je l’ai appris : ce personnage demande une présence à la fois physique et subtile dans l’alternance des deux côtés du personnage. Sur ce registre, le travail de Christian Bale a été remarquable, bien plus détaillé que Michael Keaton en son temps. Cependant, je trouve qu’il réussit à se mettre dans le costume de cette déclinaison d’un Batman plus réaliste et obsédé par ses démons. Le parti pris de Matt Reeves est de plonger son héros dans un polar noir où le fil conducteur est l’enquête policière pour rattraper The Riddler.

Si l’on compare aux films de Nolan, The Batman se veut beaucoup plus réaliste, avec un Bruce Wayne reclus, concentré sur sa violence et sa vengeance dans son projet de 2 ans. Sans artifice de supers moyens ou d’une pseudo ligue de meurtriers aux pouvoirs paranormaux, on retrouve ici un Batman fatigué en journée de ses sorties de la nuit, un Batman qui fait sa thérapie en écrivant ce qu’il ressent lors de ses sorties face aux délinquants et autres bandits de Gotham et qui doute de sa propre utilité. C’est donc un Bruce Wayne très terne qui nous est servi, et Robert Pattison se débrouille bien en ne souriant pas. Concernant le méchant, il est difficile d’arriver au niveau d’un Joker interprété par Heath Ledger. Cependant, là encore, Matt Reeves donne à Paul Dano l’occasion de donner une version de Riddler bien plus réaliste et profonde dans son projet démoniaque de purifier Gotham de sa corruption. C’est le polar qui donne à Riddler sa place, non pas en gros vilain contre Batman, mais dans un gros vilain contre la vermine de Gotham, en un sens un combat assez similaire à Batman dans son objectif, mais radicalement différent dans sa forme. Nolan garde la main sur la maîtrise des scènes d’action et du rythme. Ici, Matt Reeves s’enlise un peu avec un film long, parfois un peu trop.

Alors au final, quels sont les atouts de The Batman ?

  • Une première scène qui met dans l’ambiance : sublime !
  • Une photographie remarquable avec une ambiance très noire dans un Gotham qui est un personnage à part entière. C’est probablement la plus belle réussite du film : on n’est pas dans une pseudo-ville US comme chez Nolan ou un délire à la Burton. Non, ici, on arrive à sentir l’âme pourrie de cette ville bien particulière.
  • Un polar bien ficelé : il y a beaucoup de contenu car une grande partie de personnages de Gotham en font partie : du père Thomas Wayne, du pingouin, de Falcone, de Catwoman, de Gordon…
  • Un réalisme mesuré dans les personnages : pas de magie ou de super pouvoirs ou de super vilain capable de tout faire sauter en claquant des doigts : non, ici, la volonté est d’avoir des personnages beaucoup accessibles et humain.
  • Un casting qui tient la route : Jeffrey Wright se débrouille bien en Gordon (même si il n’égale pas Gary Oldman), Zoë Kravitz nous donne une catwoman sensible, John Turturro qui donne un parrain Falcone très adéquat.
  • L’excellente musique de Michael Giacchino qui nous accompagne dans ce polar noir. Honnêtement, c’est bien plus subtil ce que Zimmer a fait avec Nolan…

Et quels sont ses défauts ?

  • Probablement trop long : la dernière partie du film traine un peu en longueur avec un dernier acte finalement pas à la hauteur du reste.
  • Christian Bale et Heath Ledger sont inégalés.

Au final, j’avoue que j’aime beaucoup The Batman et je n’hésite pas à lui donner 5/5. Je le préfère même à ceux de Nolan, même si le Dark Knight est intouchable dans son registre avec son Joker. Mais l’approche de Matt Reeves m’apparaît plus profonde et intelligente au final, et l’emporte donc sur le reste.

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