13, en regardant mon historique et si je ne me suis pas trompé, c’est le nombre de films que j’ai vu en cette année 2014 au cinéma. Alors même si je suis bien loin des 50 ou 60 films par an que je pouvais visionner quand j’en avais le temps, je continue de garder contact avec ce septième art. Et ce cru 2014 a été divers et varié mais globalement, pas de fausse note : j’ai su filtrer pour ne pas être trop déçu. Par ordre croissant de préférence :
Numéro 13 : Don Jon (2,5/5). Ce premier film de Joseph Gordon-Levitt m’a beaucoup amusé. Déjà, j’aime la générosité à l’écran de Joseph et je tenais à voir son premier long métrage. Même si le film est loin d’être une référence, et si son ton très cru peut rebuter le large public, j’ai apprécié son humour très décalé, et sa vue des relations humaines qui peuvent être très artificielles. Belles interprétations, beau rythme, scénario un peu faible, mais craquant à souhait pour celles et ceux qui acceptent le trash.
Numéro 12 : Le vent se lève (3/5). Un film de Hayao Miyazaki qui se veut sérieux, en se plongeant entre les guerres mondiales dans un Japon voulant rivaliser dans l’aviation. Très beau, très touchant, au travers de la vie d’un inventeur : ses rêves, ses amours, ses peurs. Ce film se projette entre la réalité et la fiction, questionnant les motivations de l’Humain face au désastre de la guerre mais aussi face à ses rêves. L’habituel décalage du réalisateur laisse place à une plongée très fidèle et représentative de ce moment de l’histoire japonaise : un exercice qui clôt de manière magistrale une carrière exceptionnelle.
Numéro 11 : La vie rêvée de Walter Mitty (3/5). Ce film m’a laissé un arrière goût d’inachevé. Un film drôlement sérieux sur le sens de la vie, où comment naviguer entre rêves et réalité (en amour) et comment les vivre. C’est beau esthétiquement mais il me manque un peu de sérieux dans le scénario et la mise en image pour y adhérer complétement. Au final, j’en retiens une ambiance loufoque et la beauté des paysages parcourus par Mitty.
Numéro 10 : Magic In the Moonlight (3/5). On retrouve Woody Allen dans cette histoire ne manquant pas de charme, située dans les années 20 avec des personnages so british. C’est une belle histoire analysant la complexité des sentiments et des relations humaines. L’ambiance rétro est très réussie mais le film reste un peu plan-plan. Et franchement, l’image est floue.
Numéro 9 : Minuscule, la vallée des fourmis perdues (3,5/5). Sans dialogue, ce film d’animation rompt les classiques mises en scène de l’animation avec des prises de vue réelles. Drôle même si parfois déjà vu, c’est bien réalisé avec de belles trouvailles. J’en redemande d’autant plus que c’est français.
Numéro 8 : Her (4/5). Ce petit ovni cinématographique est très fin : finesse dans l’approche de la relation du personnage principal avec sa compagne virtuelle artificielle, finesse dans la vision de l’évolution des relations humaines avec l’arrivée des objets communicants. Très belle interprétation, un film assez lent qui revient sur la chose la plus complexe : qu’est-ce que l’amour ?
Numéro 7 : Mommy (4/5). C’était mon premier film de Xavier Dolan. Centré sur ses personnages, le film prend à la gorge par la justesse des moments de vie démontrés. Le film joue avec le cadrage, et propose au moins deux moments magiques où le spectateur arrive à comprendre ce qui se passe dans le film sans que les personnages ne l’expriment directement. Un film à mouchoirs, pas évident à voir mais qui a tout d’un grand. Aller, il manque encore une image plus recherchée… mais je pinaille.
Numéro 6 : Un homme très recherché (4,5/5). J’adore les films d’espionnage, les vrais, pas à la sauce biceps. Dans la même famille que La Taupe, ou l’affaire Farewell, ici l’information, elle se construit dans le temps, l’effort et la patience. Avec l’occasion de voir Philip Seymour Hoffman une dernière fois, on plonge dans l’espionnage post 11 septembre et la lutte intestine entre agences de renseignement pour savoir si il faut agir, quand et contre qui. Le film a un rythme sans faille, servi par un personnage principal au bord de la rupture tant que l’on se demande ce qui peut le motiver à continuer corps et âme. C’est fort, c’est intelligent, c’est brillant malgré quelques longueurs. A voir avec un cerveau.
Numéro 5 : Gone Girl (4,5/5). David Fincher sait faire des films très beaux : dès les premières secondes du film, les plans rythmés, bien cadrés et colorés prennent le regard pour ne plus le lâcher pendant les 2h30 qui suivent. Un scénario parfois très alambiqué, l’interprétation des deux acteurs principaux nous sert cette discussion sur la relation à l’autre très pénétrante et cruelle. Ben Affleck et Rosamund Pike sont ainsi excellents dans leur lutte d’égo et le film nous emporte dans la folie de ces personnages en laissant, à la sortie, un arrière goût de questionnement sur chacune de nos vies. Très déroutant, très dérangeant, trop cruel, ce film m’a tout de même captivé, et c’est tout son talent.
Numéro 4 : The Grand Budapest Hotel (4,5/5). Ce film est à l’image des poupées russes plein de détails, d’histoires imbriquées, de personnages loufoques et attachants. On plonge dans cet univers un peu cartoon de Wes Anderson sans perdre le fil. Car même si l’on peut perdre un peu le nord dans ce film, le scénario malin nous remet à chaque fois sur le bon chemin. Le cast est fantastique, et Ralph Fiennes superbe. C’est comme un rêve raconté avec une précision exemplaire. Et j’ai gardé les images dans ma tête !
Numéro 3 : Dallas Buyers Club (5/5). Depuis C.R.A.Z.Y., Jean-Marc Vallée avait conquis mes yeux et mon cœur de spectateur. Avec Dallas Buyers Club, c’est pour moi un sans faute. C’est une plongée dans les années 80 et dans la vie du personnage Ron Woodroof un peu étroit dans sa tête de texan. La découverte de sa séropositivité va avoir un impact tant sur lui que sur tous les malades de l’époque pour qui le temps était compté. Matthew McConaughey livre une interprétation magistrale de douleur et de retenue, avec un physique impressionnant de fragilité. Je retrouve tout ce que j’ai aimé de cet acteur dans Mud, notamment cette force qui transperce l’écran tout en étant incertaine et qui prend sens dans ce combat pour la vie et les préjugés quoiqu’il en coûte, face aux pratiques de l’état américain et des laboratoires pharmaceutiques. Complété par le personnage travesti sublimé par Jared Leto et par le personnage plus classique de Jennifer Garner, on assiste à un déroulé haut en couleurs, sans caricature et d’une justesse renversante. Une histoire basée sur des faits réels, un gros coup de cœur pour cette année.
Numéro 2 : Les gardiens de la galaxie (5/5). Jouissif, c’est le sentiment que j’ai à propos de ce film. Nous sommes ici avec un blockbuster intelligent et malin. On plonge dans cet univers à l’esthétique très soignée, notamment sur les vaisseaux et le monde de Xandar. James Gunn arrive à mettre en action ses personnages antinomiques : l’anti-héros, la rebelle, le raton laveur, l’arbre et le monsieur muscle. Et cela fonctionne : avec humour, et perfusé de musique des années 80, je me suis régalé à suivre ces aventures extragalactiques rencontrant des moments de dérision, de bravoure et des instants poétiques. Le casting est sympa et fait le job. Reste les méchants un peu caricaturaux, mais bon, c’est du Marvel. Me faire voyager comme un Don Bluth et son Titan A.E. en animation, il fallait le faire. I am Groot.
Numéro 1 : Interstellar (8/5). Oui, 8/5. Je considère ce film comme un chef d’œuvre, immanquable sur grand écran tant ce genre de films est trop rare. Comme j’aurais aimé voir 2001 l’odyssée de l’Espace en salle à son époque, pour Interstellar, j’y étais. Certes ce n’est pas le film parfait, mais au-delà de ses imperfections, c’est l’une des rares fois au cinéma où j’ai été aussi subjugué. Les 2h49 passent à la vitesse de la lumière ce qui fait relativiser beaucoup d’autres films. J’ai pu le voir le jour de sa sortie dans la salle que je voulais (salle 5 du MK2 Bibliothèque) afin de mettre toutes les chances de mon côté. Je l’attendais depuis plus d’un an, ce nouvel opus de Christopher Nolan. Et je n’ai pas été déçu. C’est un film en plusieurs actes, qui nous fait voyager à travers l’espace et le temps. Le fil conducteur reste la part d’humanité qui est présente dans les personnages, dans leurs relations, dans leur évolution face à la fuite du temps, à la fuite de l’existence. Ce film a fait appel à tous mes souvenirs de lecture de science fiction, où mon imaginaire était mis à contribution pour visualiser l’évolution de la Terre, pour voyager à travers l’espace, pour faire face à la relativité d’Einstein, pour découvrir de nouveaux mondes et faire face à leur complexité pour essayer d’entrevoir la flamme de l’espoir dans un futur assez sombre. Comme tout film de Hard Science-Fiction, Interstellar a plusieurs niveaux de lecture, à la fois métaphysique et philosophique et renvoie l’Humain à ses contradictions et motivations face à la quête de la vie bonne, au dépassement de soi face à la mort. A chacun son point de vue, car je pourrais en faire des pages. La réalisation est superbe : rythmée sans scènes d’action inutiles, les plans sont magnifiques de cadrages, de couleurs, de graphismes. Nolan maîtrise son affaire. Utilisant au maximum les scènes avec des objets réels (maquettes et paysages) et limitant les effets numériques au minimum, filmant en 35mm et 70mm IMAX, j’ai trouvé une proximité visuelle exceptionnelle avec le film. Il n’y a qu’une scène qui fait un peu tâche mais elle est vite oubliée. Les univers des différentes planètes sont sublimement représentés. Les outils, que ce soit les vaisseaux incluant l’Endurance ou les matériels, sont novateurs. Mention spéciale à la station en rotation qui m’a rappelé le grand « Rendez-vous avec Rama » de Clarke. Les robots TARS et CASE sont les seconds héros, et je ne me peux pas m’empêcher de les évaluer sous l’angle des trois lois d’Asimov même si celles-ci ne font pas partie du film et même si la comparaison avec HAL (de 2001) fait sens. Le casting a été une surprise pour moi, car même si j’étais au courant des contours du film, je n’avais pas regardé les détails. Retrouver Matthew McConaughey après Dallas Buyers Club était un plaisir. Il campe le personnage solide du film, celui qui est capable de faire les plus gros sacrifices, le héros parfait car humble. Superbe de finesse, de proximité, je suis sous le charme complet. Que de chemin parcouru depuis son rôle dans Contact… Anne Hathaway l’accompagne plus classiquement et on retrouve à leur côté des monstres comme Matt Damon sublime, Casey Affleck épatant et l’inestimable Michael Caine. Enfin, mention remarquable à Jessica Chastain et Mackenzie Foy qui jouent le personnage de Murph, l’héroïne du film. Il est amusant de remarquer le caméo de William Devane, par rapport à son rôle à la NASA (référence au film Space Cowboys du grand Clint Eastwood).Voilà, Christopher Nolan démontre avec grand talent, de complexité et d’intelligence, qu’il est possible de faire un film de Hard Science-Fiction en 2014 et de rencontrer le succès, sans tomber dans les horreurs des blockbusters. Cela ouvre la porte à d’autres succès tout aussi intelligents, pour faire rêver, pour faire vibrer, pour faire réfléchir. Un film qui est à tout jamais en moi, que j’ai pu voir une seconde fois en IMAX avant tout autant de plaisir. Après, à chacun de se faire sa propre idée.