Mais au fait, est-ce que nous le pensons vraiment ? 2012 semble être une année où notre fragilité nous revient en pleine face.
La crise, des fantasmes de fin de monde, le péril écologique : nous sommes en pleine rupture. Une vraie, pas celle avancée par Sarko en 2007. Une rupture profonde : nous commençons à réfléchir à la troisième personne. Nous prenons tout doucement conscience que nous devons reprendre le contrôle sur un monde que nous avons construit et qui nous a échappé. Bien entendu, c’est une métaphore car, individuellement, nous n’avons aucun contrôle réel sur ce monde, mais juste un contrôle sur une partie de celui-ci très souvent limité à notre propre action.
Non, je parle plutôt de prendre conscience à l’échelle d’un peuple, d’une espèce que les choses doivent changer. La crise économique n’est que la traduction d’un nécessaire réajustement. La nature a horreur du vide et je suis intimement persuadé que nous avons suffisamment de qualités pour que l’on puisse faire face à notre propre destin.
Non, je ne deviens pas religieux, bien au contraire. Je pense… je me fais ma propre opinion et ma propre croyance, ce qui est pour moi la définition d’un homme libre (… au moins de penser).
Le message de Stéphane Hessel, « Indignez-vous », et son succès en librairie est, je pense, un symptôme de notre volonté à vouloir changer le système.
Dans ce 21ème siècle soi-disant moderne, nous sommes une génération « d’inacteurs ».
Dorés dans un monde de confort, dans un embrigadement intellectuel du tout devient possible… sauf ce que vous voulez, il est urgent de faire la part des choses.
Une république corrompue, où la dernière affaire dite « Karrachi » montre une nouvelle fois la corruption à tous les étages de notre démocratie. Où la parole de raison est discréditée par tous les moyens, où l’immobilisme est au service de ceux qui l’ordonnent, où l’abstention et l’extrémisme battent des records.
Oui, il est nécessaire de penser à la troisième personne, d’enlever un peu d’égo dans notre raisonnement et d’essayer d’élargir notre horizon en échangeant, discutant et essayant de convaincre l’autre.
Comment ne pas être en admiration devant les peuples arabes qui essaient de reprendre un peu de contrôle, au main de dictateurs qui sont armés/financés/alliés à nos propres dirigeants ? Comment voir notre propre responsabilité citoyenne quand la politique et l’industrie sont au service de ce genre d’impérialisme sachant que nous continuons à ne pas demander de compte ? Comment accepter que nos dirigeants laissent des initiatives comme le sommet de Durban capoter ?
2012 s’annonce-t-elle comme une année de choix, de rupture ou de continuité ?
Vouloir changer le système veut aussi dire qu’il va falloir accepter le changement.
Cela fait 5 ans que le film d’Al Gore, An inconvenient Truth, est sorti et a permis de m’éclairer sur l’urgence écologique. Et qu’en est-il maintenant ? Et que puis-je faire pour que cela change ? Et que pouvons-nous faire pour que cela change vraiment ? Pour tout.
Changer sa façon de penser est peut-être une des choses les plus difficiles à réaliser : et prendre les actions nécessaires en est une encore plus difficile.
Croyez-bien que j’ai bien conscience de mes propres limites et échecs à ce niveau. Mais nous pouvons progresser, et c’est bien tout le mal que je nous souhaite.
Très bonne fin d’année 2012.