Avatar

Le dernier film de James Cameron vaut bien son nom : Avatar est bien l’incarnation d’un nouveau cinema.

Nouveau ? Pas totalement ! Finalement nous assistons depuis des décennies à une évolution de cet art où la technique est mise au service de l’imagination et des caprices des réalisateurs pour toujours aller plus loin.
James Cameron est d’ailleurs un maître en la matière : il a le chic pour se positionner au bon moment : souvenons-nous de Terminator 1 et 2, d’Abyss ou bien de Titanic :!James Cameron aime la rupture : il est le reflet d’un cinéma prêt à passer à une nouvelle étape. Un nouvel opus est donc assurément un grand moment de cinéma, quoiqu’en disent ses détracteurs, et Avatar y reste fidèle dans tous les plans.
Dis-moi ce que tu as fait et je te dirais qui tu es ! Il ne faut pas prendre Avatar comme étant le film parfait : comme j’aime à le dire souvent, le film parfait n’existe pas car ce concept est absolu pour l’humain. Avatar a donc des défauts et des qualités, conforme à Cameron. Point de vue des scénarios, Cameron n’est pas réputé pour mettre dans la boite des films très compliqués : Terminator, Aliens, True Lies, Titanic, … ne brillent pas par leur richesse scénaristique. Toutefois force est de reconnaître la force de sa réalisation qui permet de contre balancer cette faiblesse : Avatar s’inscrit parfaitement dans cet état des lieux …. en mieux !
Du point de vue technique, Jim nous démontre une leçon que nous ne sommes pas près d’oublier : un spectacle visuel époustouflant, des moments magiques visuels sortis tout droit d’une imagination traduite en images, une création artistique de haut niveau pour faire prendre vie à ce monde imaginaire le tout associé à une variété de scènes tant féériques que bassement quotidiennes absolument remarquable. Bien entendu quand il s’agit de visuel, il s’agit de prendre quelques repères. Considérons le film « 300 » qui est aussi un film visuellement incroyable pour essayer de voir comment les éléments s’imbriquent. 300 a surpris beaucoup par sa qualité graphique sans précédent : spectacle guerrier sublimé par une photographie et une coloration animée : un travail exemplaire qui transporte son spectateur dans un univers typé et artificiel : il y souscrit mais il n’y croit pas totalement : il est transporté mais il sait qu’il l’est et que c’est artificiel. En ce sens, 300 pêche par excès de gourmandise et c’était son intention. C’est ce qu’il le différencie d’Avatar qui part du principe de mêler réel et irréel à la science fiction tout en lorgnant sur une partie animation rêveuse d’un monde à la Disney elle-même empreinte de réalisme car basée sur de la motion capture. Le découpage des scènes est réalisé intelligemment permettant au cerveau de faire le tri entre des scènes d’animation ou synthétiques et les scènes plus réelles évitant de tomber dans l’écueil du « je fais tout en même temps et ce n’est pas beau car le cerveau rejette cette confusion ». Ce mixe à plusieurs niveaux entre réel et synthèse donne ainsi une légitimité supplémentaire au spectateur pour qu’il entre dans cet univers et qu’il oublie que le père Cameron lui a pris la main… La 3D y joue de sa partie en projetant à l’intérieur des scènes le devenu pauvre spectateur (3€ pour la paire de lunettes). Mais ça vaut le coup : la 3D apporte vraiment un gros plus que ce soit dans les scènes « réelles » que synthétiques. Le film « Voyage au centre de la Terre 3D » (une petite bouse soit dit en passant) m’avait déjà convaincu de l’intérêt de la 3D sans CGI. Avatar le confirme : pendant 2h40, nous vivons une expérience qui rend assez fade un bluray à la maison ! Et c’est tant mieux ! Après tout, les salles de cinéma sont bien là pour nous apporter une valeur ajoutée. D’ailleurs à ce sujet, vu le nombre de salles qui se sont équipées en 3D, la messe est dite : 258 salles sur 720 où Avatar officie. D’ailleurs personne ne s’y trompe : le DG de MK2 a indiqué que toutes les salles de son réseau seraient équipées en numérique 3D d’ici la fin 2010. La révolution est donc là (le futuroscope n’a qu’à se racheter une innovation).
Toutefois, côté scénario, ce n’est pas le même écho : j’ai pu entendre avec amusement les critiques du déjà-vu, du gnangnan, du trop gentil, de l’écolo bobo, etc… Bref, il y a beaucoup de vrai : le scénario ne surprend pas et pire il se laisse deviner bien trop facilement. Il est clair que ce film est teinté de Disney (Pocahontas, Atlantis ?), d’un peu de Dune (Ornithoptère) et de science fiction bien classique. Oui ça sent un peu le réchauffé. Mais ce n’est pas un handicap grâce à la création artistique concernant les Na’vi ou bien la planète Pandora. C’était déjà le cas pour Abyss qui porte lui aussi un scénario que certains (pas moi) pourraient qualifier de gnangnan, gentillet et … écolo (en 1989 tout de même ! Ah oui, j’oubliais que notre monde se foutait de sa planète) ! Vingt ans plus tard, Avatar reprend le propos sous une forme résolument aussi spectaculaire que l’était certainement Abyss à son époque. Au final, ce scénario convenu laisse sa place à l’univers de Jim et je ne peux pas lui en tenir rigueur.
Concernant l’interprétation, et bien je n’ai pas grand chose à critiquer : Sigourney Weaver est toujours aussi sublime et Sam Worthington se déride un peu par rapport à Terminator Salvation, ce qui n’est pas un mal (même si cela lui coupe les jambes).
Ainsi si vous aimez les films Disney, ou bien la science fiction, et si vous voulez vous prendre une expérience 3D inédite, Avatar est là, pour vous. Il mérite le détour et rien ne sert de le dénigrer sans l’avoir vu.
Avant de terminer, je voudrais ouvrir une parenthèse sur les effets visuels : le plus gros reproche que l’on pourrait faire à Avatar, c’est de sur-utiliser les effets visuels synthétiques. Comparer à un film comme Transformers de Mickael Bay ou Star Trek de J.J. Abrams où les effets réels ont toute leur place, je me mets à rêver d’un mélange plus réel dans la 3D sans rentrer dans un univers totalement artificiel. Aller, un Transformers 3 tout en 3D réelle ou bien un Star Trek XII ? Je crois que James Cameron a ouvert la boite… de Pandore.

Les commentaires sont clos.