Je regarde passer les paysages, distant. Mon chemin imperturbable m’amène à travers les villes, les villages, les campagnes.
Partout les marques de mes congénères sont présentes, une petite route par ci, une maison par là entachée par quelques fumées de cheminées.
La ville offre une vision imperméable, vêtue de son manteau gris… De ses hauteurs, elle fait la fière, mais il ne faut pas regarder en bas.
Elle sait séduire par ses lumières… pour mettre en valeur ses solitudes le soir tombé. La chaleur n’est qu’artificielle, elle ne dépend que de nos échanges si timides et fragiles.
Ces grands espaces dépeuplés, ces champs tout en profondeur ne peuvent lutter contrer cette lumière par qui tout est illuminé.
Pourtant dans ces espaces apparemment sombres, c’est ici que le vague souvenir du lien avec la terre, avec l’autre, se redécouvre.
Loin de la saturation en bruits, en couleurs, en sensations, c’est ce manque qui remet tout en place, comme les traits verts alignés de haies…
Faisant face aux vents pour souligner qu’il ne faut pas que l’on oublie, dans notre monde, que tout n’est pas aseptisé, manufacturé, payé.
Et que d’une façon ou d’une autre, on finit par y retourner à cette Terre, fertile, pour y faire le monde, après nous.