Vivre peut s’apparenter à parcourir son chemin de vie parsemé d’intersections, d’opportunités.
Sans demi-tour possible, ce chemin est à sens unique, car même si l’on peut revenir sur certains choix passés, rien ne peut effacer ce qui a déjà été. Paradoxalement, si avancer dans la vie est à sens unique, vivre requiert l’interaction, le double sens. Vivre c’est échanger avec l’Autre, nouer des relations, qui pour être totales, ont besoin de réciprocité. Aimer quelqu’un ne prend vraiment son sens que si ce quelqu’un nous aime en même temps. Mais cette réciprocité doit se décliner selon notre attente du moment. Cela me confronte à la question de savoir si nous pouvons agir par pur altruisme (sans rien attendre) alors même que nous sommes acteurs et que notre action est liée à notre motivation et donc à une certaine récompense que l’on en tire. Agir sans rien attendre, sans raison est-il possible ? Certains sujets scolaires de philosophie traitent de ce sujet (par exemple : la liberté est-elle le pouvoir d’agir sans motif ?). Je pense qu’il y a principalement deux façons de considérer cette question : soit la personne ne cherche consciemment pas à savoir ce qu’elle veut, et dans ce cas elle agit par instinct, soit elle est consciente de ses attentes et cherchent à les atteindre. Dans les deux cas, l’instinct ou les attentes du moment vont dépendre du chemin parcouru, des interactions passées, de ce qui a construit ce que nous sommes au présent. Elles varient donc avec le temps. L’amour ne peut ainsi se construire qu’au bon moment, ni trop tôt ni trop tard, et ce avec les bonnes personnes, pour peu qu’elles échangent.
