Qui est ce Charlie ?

Je suis Charlie, qu’est-ce que cela veut dire ? Sur le coup de l’émotion, ce slogan a émergé comme étant celui qui représentait l’hommage et l’opposition aux actes atroces qui ont été commis. C’est un slogan qui ouvre la porte à beaucoup d’interprétations. Des politiques et des médias l’ont tout de suite étendu à « Nous sommes tous Charlie », sans pour autant en expliquer le sens.

Je pense qu’il y a autant d’interprétations à « Je suis Charlie » que de personnes qui portent ce slogan. Je vais tenter dans les quelques lignes suivantes d’exprimer le sens que je le lui donne.

L’attentat à Charlie Hebdo a frappé un symbole de la liberté, en particulier la liberté d’expression. Les dessinateurs de Charlie manient l’humour, la satire avec leurs dessins. La satire, selon le Larousse, est un « Écrit, propos, œuvre par lesquels on raille ou on critique vivement quelqu’un ou quelque chose ». Abattre Charlie, c’est abattre cette idée que tout est critiquable. En utilisant des caricatures, les dessinateurs décalent leur propos vers un imaginaire, généralement basé sur des faits réels pour passer un message d’humour, de critique voire d’irrévérence. Et généralement, personne, à titre individuel, n’est visé car la caricature relève de cet imaginaire. Toute la complexité est que certains pourraient se sentir offensés par ce genre de caricatures. Je suis d’accord que l’on peut considérer certaines caricatures comme n’étant pas drôles, mais elles ne m’offensent pas car elles ne me concernent pas : elles sont du domaine de cet imaginaire, même si non dénuées de symbolique qui peut me faire réfléchir. Si certains se sentent offensés par ces caricatures, alors c’est qu’elles ne sont pas capables de prendre suffisamment de distance entre leur lecture de la caricature et ce qu’elle est. Si nous devions adapter les critiques sans que personne ne puisse trouver une offense, je pense que nous ne pourrions plus dire grand chose. Pour moi, Je suis Charlie, c’est la liberté de parler, de s’exprimer, de critiquer quelque soit le sujet dans notre République, dans le respect de l’autre (c’est à dire sans attaque individuelle). J’ai cette liberté, je suis Charlie. S’attaquer à Charlie, c’est s’attaquer à cette liberté, c’est s’attaquer à ma liberté. Nous sommes tous Charlie, car dans notre République, nous avons tous cette liberté.

Dans ce contexte, je suis curieux de savoir ce que veulent dire les personnes quand elles écrivent « Je ne suis pas Charlie ».

Rire est le propre de l’Homme, rire de tout est une preuve de liberté, de sagesse. Dans ce contexte, je ne peux que citer un personnage de fiction qui, pour moi, résume bien l’enjeu :

« All my life I have been responsible only for myself. When I risked, I risked alone to avoid making others pay the price for my mistakes. They want me to show them another way. What if I show them the wrong way? What if they come to me not because of the lesson but because of the teacher? I worry, Ta’Lon, that my shadow may become greater than the message. But we can’t be free, until we learn to laugh at ourselves. Once you look in the mirror and see just how foolish we can be, laughter is inevitable. And from laughter comes wisdom. » G’Kar, Babylon 5.

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