Dans un précédent billet (Donner de la vie au son), je vous parlais du rapport très intime que j’ai avec le son. Cela se traduit aussi avec la musique que j’écoute.
Jeune, j’ai baigné dans le son de la fin des années 70, où mes parents écoutaient les Who, les Beatles et autres groupes de rock de l’époque. Se sont ajoutés les Cure, Depeche Mode et autres groupes modernes pour l’époque des années 80. Avec l’arrivée de mon adolescence et la musique des années 90, j’ai commencé à affirmer mes goûts : la pop/disco (façon pop musik), le rock tendance Dire Straits, et un goût prononcé par la musique anglo-saxonne.
De cette époque, j’en garde un goût prononcé pour la mélodie au détriment des paroles en elles-mêmes. Pour moi, la voix s’inscrivait dans un tout et n’était qu’une composante parmi d’autres. Cela explique mon attrait très mesuré pour les variétés : je ne veux pas comprendre les messages des chansons et je leur préfère l’imaginaire de la mélodie. Bien entendu, avec le temps, j’ai bien pris conscience que les textes sont aussi importants. D’ailleurs, je bois avec plaisir les paroles des chansons de mon artiste préféré français (Eddy Mitchell). Mais pour qu’une chanson/musique attire mon attention, elle doit d’abord avoir une belle mélodie. Et si les paroles suivent, alors bingo !
En affirmant mes goûts, j’ai commencé à explorer différents styles musicaux, grâce aux amis qui avaient (et ont) une culture musicale différente de la mienne. On y retrouve un voyage vers le rock progressif, en me rapprochant de Genesis, de Peter Gabriel mais aussi de l’excellent Steven Wilson (groupe Porcupine Tree), Oceansize, Anathema (après leur période Doom). La route se poursuit avec un rock plus sombre et endiablé façon Ramstein, Type O Negative. En réponse à ces mises en tension, j’ai aussi exploré le post-rock avec Mogwai, Explosions in the Sky, God is an Astronaut où le côté planant m’a toujours plu.
Côté France, Eddy Mitchell a toujours eu une place à part : la musique de Pierre Papadiamandis et les paroles toujours pleine d’intelligence de Claude Moine, ont toujours trouvé un écho dans ma tête, toutes époques confondues. J’ai aussi eu ma période Starmania, France Gall, Mylène Farmer, Goldman, Souchon mais je dois bien admettre que je n’en écoute plus beaucoup aujourd’hui. La fin des années 90 et le début des années 2000 m’ont permis de redécouvrir la pop/rock. Avec le roi Mickaël Jackson, c’est un festival de groupes UK/US qui sont entrés dans ma collection : Coldplay, Kings of Leon, Snow Patrol, Death Cab for Cutie, The Dandy Warhols. Je les ai complétés avec des groupes électro, type Air, ou de trip hop avec Massive Attack, Hooverphonic, Goldfrapp, et plus récemment avec London Grammar, Lana Del Rey. Un de mes artistes de référence aujourd’hui est Danger Mouse (aka Brian Burton) qui arrive à entremêler différents styles musicaux (electro, trip hop, soul, rock).
En complément du synthétique, je garde un grand amour pour l’acoustique, le rock doux, la folk, où la guitare sèche, le banjo et le piano font la compétition aux batteries et guitares électriques. Je retrouve aujourd’hui avec énormément de plaisir les artistes comme Fink, Angus & Julia Stone, Sufjan Stevens, Beck, Ben Howard. Et je prolonge l’exercice pour franchir les frontières entre électro, folk, rock et musique classique avec les associations d’artistes tant sur des concerts composés (U2 avec Royal Philharmonic Orchestra, Metallica avec the San Francisco Symphony, Fink avec The Royal Concertgebouw Orchestra) que sur un mélange de genres (comme l’électro et le piano façon Francesco Tristano Schlimé ou Sufjan Stevens avec son album Age of Adz).
D’ailleurs côté classique, je n’ai pas encore pris le temps de me plonger dans les grandes œuvres. J’étais plus attiré par les musiques de films symphoniques (Horner, Goldsmith, Williams, Morricone). Je suis en train de corriger ce manque maintenant que je suis équipé pour une écoute plus audiophile pour me plonger dans Strauss, Schubert, Vivaldi, Wagner et leurs amis.
Aujourd’hui, la boucle est… bouclée. J’écoute la musique électro d’Ulrich Schnauss, qui trouve ses racines dans Tangerine Dream, groupe que j’écoutais bien plus jeune. On peut prendre l’exemple du blues façon Aretha Franklin qui retrouve vie dans la musique de Milk&Green, Other lives qui fait de l’électro planant tendance Ennio Morricone, ou la continuité de la belle Diana Krall dans un jazz intemporel. Et c’est toute la beauté de la musique : être capable de se renouveler, dans la variation et/ou dans la rupture, avec différentes sensibilités et émotions et de partir dans un voyage sans fin, avec ses compagnons qui la font, qui l’écoutent, un voyage qui s’apparente à celui de la vie.