Le vent, frais et léger souffle dans mes cheveux. La fluidité de ce monde peut se mesurer à tous les niveaux.
Irréguliers, les courants d’air font onduler les arbres avec leurs feuilles qui s’accrochent tant bien que mal malgré le début de l’automne. Ce vent, capable de gonfler des voiles et d’emmener des bolides à travers les océans, est devenu si commun, si proche et si naturel que sa raison ou son explication s’efface. Cheveux au vent, le sens du touché est en plein éveil, caressé par cet air invisible et si léger. Amenant frissons ou réconfort, il n’est qu’un reflet d’un monde que l’on ne voit pas. Comme les poissons dans l’eau, nous sommes dans un fluide et on ne peut vivre que dedans. Notre planète est notre bocal d’air, avec ses frontières : solide, liquide ou vide et la nature y a développé la vie.
Cet air, qui passe aussi inaperçu que nos respirations, est pourtant très riche. Illuminé par des rayons de levé de soleil, d’innombrables particules se mettent à apparaître, dévoilant un monde invisible non palpable. Et pourtant, c’est ce que nous respirons, ici, là, partout.
Levons les yeux au ciel, collons nous au bord de notre bocal, comme le ferait le poisson : et que voyons nous ? Un reflet de nous mêmes, telles des poussières devant un monde si grand, telles des étoiles qui se cherchent et se poursuivent, tel l’infini petit dans l’infini grand. Levons les yeux vers ce ciel de couleur bleue et ce soleil jaune, preuves supplémentaires de cette présence presque invisible qui est au dessus de nous et qui veille sur nous. Divine pour certains, cette présence est aujourd’hui menacée : nous la menaçons, non, nous nous menaçons. Serons-nous condamnés à vivre nos derniers moments tels ceux d’un poisson qui s’est échappé de son bocal, gisant et agonisant de l’autre coté de la paroi ?