Sufjan Stevens : mon artiste musical préféré ?

J’ai découvert la musique de Sufjan en 2004 (merci Radioparadise) et son album Seven Swans. Ce n’est que l’année suivante, avec l’incroyable album Illinois, que j’ai vraiment pris conscience que son univers n’allait pas me quitter avant longtemps. Et aujourd’hui, 11 ans plus tard, c’est toujours le cas. J’ai tous les albums de ce fabuleux artiste, qui voyage entre la Folk, l’Indie Rock, l’expérimental et l’électro.

J’ai eu la chance d’être à son concert en novembre 2006 au bataclan. C’était la première fois que j’ai ressenti autant d’émotions pendant un concert : de la sensibilité, de l’intimité et une plongée dans son univers touchant et plein de poésie.
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Car Sufjan, au-delà de jouer de la musique, met en scène ses compositions et son interprétation. Tout le monde est assis en salle car l’objectif est de se poser, de prendre le temps, d’être à l’écoute de quelqu’un de proche qui nous raconte une histoire, avec des textes, de la musique et une mise en scène. A l’époque, en 2006, le style était onirique : sur les animaux, la nature et l’histoire du nord-est des Etats-Unis, région natale de Sufjan. C’était le concert où j’ai le plus pleuré et j’étais loin d’être le seul dans la salle : de la joie liée aux diverses sonorités, aux déguisements, et à cette interprétation fragile qui m’a touché en plein cœur. Alors, renouveler l’expérience au Grand Rex le 9 septembre 2015, cela m’a rendu inquiet… d’être déçu et d’écorner le souvenir vibrant de 2006 qui n’a jamais été égalé.
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Depuis 2006, il y a eu beaucoup de chemin parcouru. Après avoir poursuivi son chemin folk en passant par les chants de Noël, 2010 aura été l’année de la cassure : son album The Age of Adz sortit… et je l’ai détesté. Passage à des sons synthétiques et électroniques, avec des sonorités expérimentales baroques, j’ai été perturbé : ce n’était plus le Sufjan que je connaissais. Mais écoute après écoute, j’ai commencé à écouter entre les notes et comprendre la logique au point où j’apprécie pleinement cet album aujourd’hui : difficilement accessible au premier abord, c’est un concentré de détails qui mérite de s’y plonger à répétitions pour en comprendre les logiques et liaisons. En 2011, j’étais à l’étranger quand Sufjan passa à Paris, et j’étais bien triste de ne pas le voir. Après une éternité de 4 ans, le dernier album, Carrie & Lowell est sorti en 2015. Retour aux sources, après un drame familial, Sufjan s’est mis à nu, dans un style épuré, avec 11 titres d’une émotion forte, prête à assaillir celles et ceux qui sont prêts à s’arrêter. Dépressif, cet album n’est absolument pas larmoyant et les mélodies s’enchainent dans un voyage d’introspection.

Alors en rentrant dans la salle du Grand Rex avec un de mes amis, je me demandais comment j’allais être surpris. Et bien, je l’ai été.

Le concert, ou plutôt ce théâtre musical, était en deux parties. La première partie, de 15 titres, était dédiée au dernier album qui a été presque intégralement joué. Réorchestrés, avec des sonorités acoustiques et électroniques (guitares, banjo, ukulélé, batterie, piano, synthés, carillons et j’en oublie), les morceaux ont été transfigurés. Avec un spectacle de lumières, de liaisons entre les morceaux, Sufjan et ses 5 musiciens ont alterné entre acoustique et chant très bas et montées en puissance électronique et pop. Tout était millimétré, sans un bruit dans la salle lors des passages intimistes, car la catharsis se réalisait pour un Sufjan recroquevillé dans son univers sans attention pour son public. Et au détour de son chant fragile, je le suivais dans ce voyage, avec les images de sa famille ou des paysages qui illustraient les titres. La qualité du son était sublime et d’une gamme en dynamique comme je n’en ai jamais entendue en concert : des moments calmes où il fallait presque que je tende l’oreille, aux moments puissants qui faisaient vibrer toute la salle. Sublime, tout en variations, tout en nuances. Cette première partie se termine par une virée psychédélique new-age absolument fantastique de plus de 10 minutes.

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La seconde partie, qui faisait office d’un long rappel de 6 titres, était libérée : la catharsis était terminée, Sufjan s’ouvrait enfin à son public, sa casquette sur la tête, reprenant vie en échangeant, se présentant et jouant avec des titres plus légers.

21 titres joués, 2h, mes larmes. Sufjan a réussi à égaler ce que j’ai ressenti en 2006, mais avec une proposition artistique totalement différente. Relecture de son dernier album, expérience sensorielle, c’est avant tout un travail et une très forte exigence artistique. La qualité sonore/acoustique était vraiment exceptionnelle, du son clair au son saturé, sans compression avec tous les détails. La prestation de Sufjan au chant n’était pas parfaite mais d’un bon niveau, contribuant à l’émotion du moment. Globalement, c’était sublime et cela m’a ému complétement. Techniquement, l’un des meilleurs concerts que j’ai vus, émotionnellement, le meilleur ex æquo avec celui de 2006. Sufjan, je t’aime tout simplement, reviens vite.

Extraits de concerts similaires à celui du Grand Rex, mais qui ne rendent pas vraiment compte de l’ambiance ni de la qualité :




Un Commentaire

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