Note : 5/5.
Oui, cela fait du bien de mettre un peu de cérébral et de psychologie au cinéma. C’est exactement avec cet espoir que je suis allé voir le film « La taupe ».
A l’opposé de tout ce qui peut nous être servi en films d’action, y compris ceux orientés espionnages à tort comme les James Bond ou Jason Bourne, ou bien en film d’apitoiement sur la condition humaine ou les comédies à la française, enfin un vrai film d’espionnage, reprenant le flambeau des trois jours du Condor.
Ici, il est question de démasquer la taupe au sein du MI-6: point d’explosions, point de héro qui relève tous les défis les plus irréalistes. Non, ici c’est une plongée dans l’univers de la confiance, du non dit, de la recherche de la vérité et de ses facettes, à son accès et par le coté très glauque de ce métier, dans l’ombre, évitant la lumière au possible pour faire son office parfois noble, souvent discutable. Avec des personnages extraordinairement interprétés par des acteurs formidables (Gary Oldman, John Hurt, Colin Firth, Benedict Cumberbatch) et un scénario alambiqué, on se plonge dans cette atmosphère des années 70 en suivant Smiley dans son enquête et propre questionnement. La réalisation se veut au service de cette atmosphère et le travail est remarquable car on y croit : on y est. Le rythme est lent et nécessaire pour permettre au spectateur de digérer la quantité d’informations (nombre de personnages, relations, situations, etc…) tant pour former ses propres hypothèses et suivre Smiley dans son travail de fouine, impassible devant son propre passé, sa propre vie, brisant parfois sa carapace.
Il ne faut pas être fatigué pour voir ce film et il faut vouloir y entrer : comme un livre et probablement le livre dont il est tiré. Si c’est votre cas, je vous le conseille à 100%. Sinon, aller voir un film pour décérébrés.