Pipeaudrome façon Marine Le Pen

Quand j’entends Marine Lepen s’exprimer, j’ai une double peur : la première est que par le discours, elle arrive à convaincre des gens et la seconde est que tout débat argumentaire est impossible (enfermement idéologique : exemple avec Mélenchon ce soir).

Je vais m’arrêter sur deux propositions non polémiques du FN.

Marine Lepen met en avant la loi de 1973 (qui permet à la France d’emprunter sur les marchés) comme principale cause de la crise financière du pays. Mettant en avant des chiffres de paiements d’intérêt dette à euros constants depuis 73 s’élevant à 1400 milliards d’euros cumulés, elle avance que si l’on n’avait pas utilisé les marchés, l’endettement serait bien inférieur aujourd’hui grâce à des taux d’intérêts bien plus bas.

Ce qui est sous-entendu c’est que si l’on s’endettait via la planche à billets, c’est à dire via la banque de France, cela coûterait moins cher, car avec la possibilité d’avoir des taux d’intérêt très bas. C’est bien entendu oublier l’inflation que cela génère et le contexte économique des chocs pétroliers rendant obligatoire la limitation de cette inflation pour éviter l’appauvrissement total des revenus dans les années 70. Quand on regarde les taux servis sur le marché, http://france-inflation.com/taux_10ans.php , il a bien varié passant de 17% à 2,8% aujourd’hui. Paradoxalement, on n’arrête pas de nous dire que le financement de la dette est le méga problème alors que les taux sont historiquement les plus bas que l’on ait jamais eus. C’est le volume de la dette qui est le vrai problème.

Utiliser la planche à billets pour financer une grande part de sa dette, cela créé de l’inflation et cela dévalue la monnaie. Mais le FN s’en fout et ne le dit pas…

L’autre solution consiste à dire que l’état pourrait se tourner vers les français pour supporter la dette : c’est abordé dans le programme FN. Je comprends, que sous forme de livret d’épargne d’état, le taux serait donc fixé par l’état mais le support donné par les français (leur souscription) ne pourra pas être garanti (car non obligatoire. Exemple : je souhaite m’endetter sur 100 milliards, mais les français m’en donnent que 70 : je fais comment ?). De plus pour intéresser les français à supporter une dette d’état, il faut que l’intéressement soit significatif, avec un taux d’intérêt assez élevé. Si l’on prend l’exemple d’aujourd’hui, est-ce vous signeriez pour un livret qui rapporte moins de 2,8% par an avec un blocage des fonds sur 10 ans ?

Au final, l’intérêt de la dette à payer par l’état serait le même mais le taux serait fixé par l’état, sorte de limitation de risque. Il faut aussi noter que la dette financée par les marchés est aussi financée par des français. Les supports d’épargne en euros utilisent des obligations d’états (mais pas que). D’ailleurs pour rendre plus intéressants (surtout plus flexibles) les taux de rendement des épargnes, les intermédiaires financiers utilisent des combinaisons de dettes AAA (peu de rendement mais sûres) et de dettes ayant des moins bonnes notes (A par exemple pour avoir un meilleur rendement et donc servir un meilleur taux à l’investisseur). Ainsi on voit bien la difficulté à intéresser les français à supporter directement la dette. Je ne dis pas que cela n’est pas possible, c’est même probablement nécessaire en partie, mais bien entendu, tout cela reste démagogique car cela ne règle aucun problème sur le volume de la dette (à part fixer le taux d’intérêt avec les limitations que j’ai évoquées).

Alors que je regarde la proposition du programme écononique du FN pour résoudre le déficit, je préfère citer le seul point dédié :

« La reprise en main des finances du pays passe par une politique responsable de la dépense publique : réduction de la mauvaise dépense, préservation de la bonne dépense utile et efficace. Nicolas Sarkozy s’est attaqué aveuglement à la bonne dépense publique par une politique comptable à courte vue (école, sécurité, justice, défense, santé) alors qu’il faut au contraire la protéger en priorité parce qu’elle assure le bien-être des Français, notre prospérité et notre avenir. En revanche, la mauvaise dépense publique devra enfin être combattue sans faiblesse. » http://www.marinelepen2012.fr/le-projet/redressement-economique-et-social/dette/

En effet, c’est très clair… et il n’y a rien d’autre. Oui, il n’y a rien comme proposition, aucun arbitrage, aucune idée des orientations, du flan. Dans les mesures connexes, on peut prendre l’exemple du salaire parental. Discuté ce soir sur France 2, avec un pauvre Mélenchon qui essaie d’argumenter avec une Lepen refusant le débat, la proposition du FN est la suivante : « Création d’un revenu parental, dès que les finances le permettront, destiné à offrir, pendant la période souhaitée, aux mères ou aux pères de famille la possibilité de choisir librement entre l’exercice d’une activité professionnelle et l’éducation de leurs enfants : versement d’un revenu équivalent à 80% du SMIC pendant 3 ans à partir du 2ème enfant, renouvellement d’une durée de 4 ans pour le 3e enfant. »

Comme évoqué par Mélenchon, cela existe déjà avec les allocations familiales, et pire, les allocations s’élèvent à plus de 1000€ alors que 80% du SMIC représente 878€. Doit-on comprendre que les allocations sont terminées ? Doit-on comprendre que ce nouveau salaire est une nouvelle dépense ? Et comment est-elle financée car ce n’est pas rien ?

Du flan.

Au final, on voit bien que Lepen ne répond à rien, c’est du pipeau mais cela trouve écho dans la sphère médiatique où tout est simplifié et quand on creuse, et bah c’est le vide. Les questions posées par Lepen sont parfois pertinentes, mais il n’y a aucun argument : exemple, cela paraît séduisant d’avoir une priorité nationale pour le logement social, mais personne ne dit comment cela se passe aujourd’hui, en quoi cela réglerait le problème du mal-logement et surtout, si cela aura le moindre impact. Elle met en avant la problématique du financement du marché, mais elle ne propose rien de concret. Dans ses orientations, on peut même imaginer des dépenses supérieures à ce qu’aurait pu imaginer un socialiste dévergondé, animal politique n’existant plus au demeurant.

Marine Lepen, fille de son père lui-même aux commandes du FN depuis des décennies, a pour porte-parole et directeur opérationnel Louis Aliot, accessoirement compagnon de Marine.

Vous avez dit Famille ? Encore un peu et la famille Woerth pourrait apparaitre innocente en comparaison.

Monde de merde.

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